Sourde… et alors?

Sourde… et alors?

J’ignore si tu es toi-même malentendant, sourd, proche d’un handicapé auditif ou tout simplement un curieux, mais sois la bienvenue dans tous les cas. Je tiens par ce présent billet à satisfaire la curiosité de certaines personnes. Je veux surtout rassurer les parents d’enfants handicapés auditifs.  En effet, rassurez-vous sur leur capacité à avoir de brillants et heureux parcours. Enfin je veux mieux faire connaître cet handicap qui revêt pas mal de préjugés idiots.

Etre sourd, ne fait pas de vous un sous homme

La découverte de mon handicap

J’ai découvert mon handicap auditif à l’âge de 18 ans lorsque j’étais en classe préparatoire  Maths Sup. A priori, pas de raison héréditaire. Pas d’accident non plus, mais Moi, je m’en fiche! J’ai grandi comme ça et je n’en chercherais pas la cause. Il faut faire avec puisque dans tous les cas c’est un phénomène irréversible. Je n’entendrais jamais comme une personne ayant toutes ses facultés auditives.

Si on cherchait tous à savoir pourquoi on est né manchot, aveugle, trisomique, diabétique, asthmatique ou avec je ne sais quelle pathologie, je pense que nous serions tous dépressifs. Pour ma part, j’ai été diagnostiquée d’une perte auditive sévère. J’ai une perte auditive variant entre 70 et 89 dBHL du meilleur côté et allant à plus de 90 dBHL sur l’autre côté.

Ce que je souhaite partager est que ce handicap m’a fait prendre conscience du regard des autres. Auparavant je n’ai jamais eu de problème d’intégration. J’ai eu un très bon parcours scolaire. Plus laborieux au primaire et excellent au secondaire. Je n’ai jamais senti de faiblesses ni de manque face à mon handicap. En fait, il fait parti de moi. Il m’a permis d’avoir un univers imaginaire très développé et un goût pour le théâtre et pour l’expression orale notamment la poésie. Surement une adaptation inconsciente et voulue par mes parents pour développer mes aptitudes à bien articuler et à m’exprimer.

Un diagnostic sévère

La gène s’est ressentie en classe préparatoire. J’avais du mal à suivre les cours. L’ORL que j’ai consulté à l’époque m’a indiqué que mon cerveau a montré sa limite. Il avait atteint sa limite entre l’adaptation et le besoin de concentration intense demandé au niveau des classes préparatoires. Cette rencontre m’a surtout marqué par sa violence. Ce dernier m’a littéralement indiqué qu’avec un tel niveau de surdité je n’arriverais à rien dans ma vie. Heureusement que ma Maman était avec moi. Elle lui a remonté les bretelles gentiment mais sûrement. Je l’en remercie car je vivais mon réel premier échec à l’âge de 18 ans. Un échec qui aurait pu me détruire et briser tous mes rêves…

L’acceptation

Se dire que l’on est différent, que l’on est handicapé et que cela est irréversible est quelques choses que l’on comprends très vite. J’ai accepté car je n’avais pas le choix. J’ai réalisé tout le chemin parcouru et tous les succès remportés notamment à travers mon cursus scolaire et les activités parascolaires réalisées. Je me suis donc dis que rien n’était impossible car le cerveau humain est une belle machine. J’ai donc été appareillée et j’ai découvert des sons qui m’étaient tout à fait inconnus. Je parlerais des sons des petits oisillons le matin, ceux de la goute d’eau du robinet qui n’est pas bien fermé ou encore ceux de la musique instrumentale de certaines musiques… la vie était différente tout d’un coup… 

J’ai accepté mon handicap et je ne vous cache pas que je porte mon appareil uniquement lorsque je me sens très fatiguée. Les nuisances sonores sont génératrices de maux de tête parfois très insupportables. De plus, les animaux comme les chiens, ls félins et de nombreux mammifères ont horreur des ultrasons. Les appareils auditifs en génèrent beaucoup. tout comme de nombreux autres mammifères et félins.  Cela dit, j’entends bien car j’ai pu développer des facultés d’écoute active, un sens de l’observation hors du commun et des qualités d’empathie. Ce que je veux dire, c’est que le handicap n’est pas une fatalité. En effet, j’ai pu, malgré ce dernier, apprendre le mandarin (au niveau basique). J’ai aussi décroché de superbes postes dans de belles entreprises et auprès de responsables de qualité. Mon curriculum vitae n’a rien a envié à une personne « entendante ». Aujourd’hui, je travaille dans une belle structure et communiquer est mon quotidien.

Mon message aux entendants

Que pourrais-je dire aux entendants ? Sachez que les malentendants sont comme vous! Ils ont une soif de communication et ils peuvent vous apporter bien plus que vous ne le pensez. D’ailleurs, toutes les personnes handicapées ont des qualités que vous ne pouvez même pas imaginer. En effet, notez que le cerveau humain déteste les déséquilibres, il cherche donc à s’adapter continuellement. Aussi, je voudrais vous rappeler que les problèmes d’audition deviendront de plus en plus fréquents dans les années à venir. En effet, le port des écouteurs est devenu aussi banal que celui des lunettes. Rassurez-vous donc tous ! Vous serez sujet à une surdité à un âge de votre vie. Par conséquent, n’ayez pas pitié. Apprenez juste à faire preuve d’empathie en évitant par exemple de parler dans vos barbes. Ou arrêter de vous offusquer que l’on vous fasse répéter. Il vaut mieux bien comprendre plutôt que partir sur un malentendu. Aussi un petit conseil à mes amis : mettez vous à ma droite, s’il vous plait, mon oreille gauche est un peu plus « bouchée ».

J’espère donc que maintenant vous nous regardez différemment. J’espère que les parents qui liront cet article seront rassurés. Et surtout, j’espère que les malentendants comme moi se réjouiront de ne pas être des cas isolés.

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