Kintsugi, Gintsugi et Urushi-Tsugi où comment revoir son rapport à l’objet

Kintsugi, Gintsugi et Urushi-Tsugi où comment revoir son rapport à l’objet

Pour ceux qui me lisent depuis un certain temps, vous avez du remarquer que je voue un intérêt à la culture et l’art de vivre asiatique. Aujourd’hui, je vais vous parler du Kintsugi, du Gintsugi et du Urushi-Tsugi. Ce sont trois termes qui peuvent résumer le rapport à l’objet en Asie. Un concept très éloigné du concept occidental de la possession et de l’accumulation. Découvrons ces trois notions.

Un peu d’histoire…

La légende raconte que Shogun Ashikaga Yoshimasa (1435 – 1490) ayant cassé son bol à thé favori, a émis le souhait de voir ce dernier réparé. Le bol fut alors renvoyé en Chine d’où il venait. Mais après un long moment, ce dernier revint au Japon mais le Shogun fut peu satisfait de la réparation. Il faut dire que les différents morceaux du bol étaient soutenus entre eux par des agrafes métalliques. Ce n’était pas esthétiquement beaux et surtout cela ne comblait pas les fissures entre chaque morceau. Impossible donc de s’en servir pour prendre le thé.
Le Shogun, selon la légende, aurait demandé à des artisans japonais de faire preuve d’imagination et d’inventivité pour réparer ce bol. C’est du fruit de cette recherche que naquit la réparation à la laque d’or ou Kintsugi soit kin = or, et tsugi = réparation/connexion.

Cette technique avait pour objectif de rendre l’objet brisé étanche mais aussi de lui refaire une nouvelle beauté. L’objet plutôt que de finir à la poubelle ou aux encombrants, peut continuer à servir.

Mais qu’est ce que Gintsugi et Urushi-Tsugi par rapport au Kintsugi?

Le Gintsugi et Urushi-Tsugi sont des dérivés du Kintsugi.

Dans les faits :

  • le Kintsugi est la réparation à la laque d’or
  • le Gintsugi est la réparation à la laque d’argent
  • le Urushi-Tsugi est la réparation à la laque naturelle Urushi.

Au niveau technique, l’art de la réparation des céramiques à la laque consiste à introduire la laque en suivant les lignes de la faille. Aujourd’hui, des experts dans cet art vont très loin. Certains introduisent des morceaux de laque customisé ou des écritures. Cet art, si raffiné, fut à l’origine d’une tendance au 17ème siècle.  En effet, des collectionneurs brisaient volontairement certaines de leurs pièces pour pouvoir les faire réparer.

Ce qu’il faut retenir de cet art au quotidien

Dans une société et un monde de la consommation et de la surconsommation, les objets sont comme l’expression de nos pulsions et désirs de possession. On nous invite à utiliser un produit et à le jeter dès qu’il est abîmé. On n’attends plus d’avoir fini d’exploiter toutes ses fonctionnalités. L’idée de jeter dès que l’objet à un petit défaut est donc tout à fait naturelle de nos jours. Alors lorsqu’il s’agit d’une céramique, d’une assiette, d’un verre… l’acte est encore plus facile. On jette et on rachète.

Dans la philosophie du Kintsugi, l’on nous apprend en quelque sorte à intégrer la nécessite de se régénérer. Rien n’est jamais complètement fini. Après la blessure, le handicap, l’échec, la mort… il y a une vie. A nous de prendre conscience que nos blessures, nos fissures émotionnelles, physiques, psychiques sont de belles lignes d’or. Elles ne demandent qu’à être renforcées pour nous permettre de devenir la meilleure version de nous même.

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